Marseille Nord – Renouvellement urbain, la Savine

Lisière métropolitaine


La Savine est un grand ensemble enclavé, isolé sur une émergence des contreforts du massif de l’Etoile, dans les quartiers nord de Marseille. En contrebas, le vallon des Tuves est le plus proche site urbain en relation avec les infrastructures métropolitaines, notamment le boulevard de Bosphore la grande voie des quartiers nord.

20 ans de politique de la ville, réduite ici à la démolition, ont organisé une dédensification et une désurbanisation progressive du site. Pratiquement la moitié du parc (603 logements sur 1386), pour une grande part vacante, était d’ores et déjà démolie au démarrage de l’étude en 2012.

La détection de l’amiante a finalement tranché en condamnant économiquement l’hypothèse d’une réhabilitation. La totalité des habitants de la Savine devra être relogée, que la démolition soit totale ou non.

la Savine, une mégastructure résidentielle isolée sur les contreforts du massif de l’Etoile (avant démolition)

De gauche à droite :
– La Savine en construction en 1973 : isolement (source : IGN)
– La Savine en construction en 1978 : bouleversement de la topographie (source : IGN)
– L’espace central de la Savine : introversion (source : Logirem)

Dans ce contexte nos premières propositions envisageaient de reconstruire à la périphérie et en contrebas du quartier, là où des conditions de transport et d’équipement existantes plus favorables permettaient d’envisager un relogement dans un contexte urbain bien desservi et équipé. Il s’agissait de créer progressivement les conditions d’urbanisation de l’ancienne Savine avant d’y reconstruire.

La maîtrise d’ouvrage n’a pas adhéré à cette stratégie préférant maintenir l’existence d’un « quartier haut », au risque d’un enclavement renouvelé et d’une masse critique insuffisante.

Nos deuxièmes propositions engagées aujourd’hui sur le plan opérationnel mettent l’effort sur les sites de lisière du grand ensemble là où le canal de Marseille constitue un parc de fait pouvant valoriser et relier le site haut isolé au noyau urbanisé bas.

« L’urbanisme paysager », les espaces libres et leurs équipements, existants et à créer, permettent dans ce cas singulier de remédier au défaut de continuité urbaine.


3 sites, 3 morphologies et 3 situations opérationnelles découlent de cette stratégie qui dérive de la géographie :

  • au cœur sur le coteau abrupt : le Parc du Canal
  • en bas dans la vallée : le Vallon des Tuves
  • en haut sur plateau de la Savine: la lisière haute bâtie et la renaturation du plateau

3 sites, 3 géographies, 3 morphologies


Les 3 géographies. Vue depuis le vallon des Tuves vers le Parc du Canal puis la Savine haute – 1er plan :  le nouveau mail et le nouveau centre social et la crèche (architecte Adrien Champsaur Architecture), 2ème plan : le Parc du canal (paysagiste Agence Laverne), 3ème plan : les nouveaux immeubles de la lisière haute

Plan d’ensemble (septembre 2022)

Le « parc du canal », aujourd’hui réalisé, est ainsi un outil de liaison et de « recentrement urbain » dont l’objectif est à très court terme l’intégration métropolitaine du grand ensemble. Il articule deux sites de reconstruction dont il est le centre, l’un en haut en lisière du plateau de la Savine, l’autre en bas sur le vallon des Tuves.

Le parc du Canal (Paysagiste : Agence Laverne – photos : MAMP MRU- J.Cabanel)

En contre-bas, le vallon des Tuves est un site stratégique de reconstruction qui permet l’ancrage de la Savine sur la ville par son ouverture sur le boulevard du Bosphore, grande voie métropolitaine, et l’accroche au tissu faubourien et villageois du quartier bas ancien. Une petite centralité de quartier associant commerces et un nouveau centre social s’y développe le long du large mail qui s’ouvre sur le boulevard et conduit au parc du Canal, puis au travers de celui-ci à la Savine haute.

Le Vallon des Tuves et l’ouverture sur le boulevard du Bosphore

Les nouveaux immeubles du Vallon des Tuves (Lots Tu01 et Tu05, Babel+Prado architecte)

En haut sur la Savine haute, le tissu urbain en reconstruction sur la lisière propose une reconstruction modérée de 600 logements avec la conjugaison de part et d’autre du nouveau « boulevard circulaire », d’un espace ouvert formé de « parcelles-îlot » et d’un espace urbain continu formé de parcelles mitoyennes. Ces deux morphologies combinent autour de cours résidentielles des plots jumelés R+6 et R+8 dialoguant avec le grand paysage et des rangées bâties à R+2 dialoguant avec le tissu de village avoisinant.

La lisière haute en cours de réalisation

Les nouveaux immeubles panoramiques de la « Lisière haute » (à gauche : Jérome Siame architectes, à droite : Tangram architectes- photos :MAMP MRU- J.Cabanel)

C’est une urbanisation de lisière qui marque la limite au-delà de laquelle le site du plateau de la Savine, autrefois cœur de la mégastructure résidentielle désormais entièrement démolie, fait l’objet d’un projet de renaturation. Celui-ci vise à reconstituer un site, un sol, une topographie, un milieu naturel que les aménagements brutaux des années 70 avaient entièrement altérés. Cette « remise en état de nature » entérinant la désurbanisation partielle de la Savine haute en lisière du Massif de l’Etoile, s’inspire de l’ancien domaine agricole qui occupait autrefois le site (ferme Bouchard). Il intègre une part d’agriculture urbaine avec des parcelles maraichères gérées par les Restos du cœur ainsi qu’un équipement pédagogique de découverte de la nature. Le site de la Savine devient une nouvelle porte d’entrée potentielle du vaste espace naturel du massif de l’Etoile.

Vers la renaturation du plateau de la Savine (dessin de ILEX, études en cours- juillet 2023)
Le passé rural : Système agricole avant la construction du grand ensemble autour de l’ancienne ferme Bouchard

De gauche à droite :
– Retour de l’agriculture : Jardins maraichers des Resto du cœur (urbanisme transitoire)
– Retour de la nature : Reprise de la pinède en lisière du Plateau et rénovation des anciennes restanques

Du parc des Aygalades au massif de l’Etoile, la Savine s’avère ainsi – à défaut d’un véritable « quartier » – comme l’opportunité d’un ambitieux projet territorial susceptible de faire communiquer et de relier ces deux grands systèmes paysagers structurants de la géographie marseillaise.

Habiter Marseille c’est habiter dans la géographie.

La Savine dans la géographie marseillaise (photo : MAMP MRU – J.Cabanel)
De gauche à droite :
– La Savine dans la structure territoriale
– Le massif de l’Etoile
– Entités géographiques : la Savine, trait d’union entre le parc des Aygalades et le massif de l’Etoile