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Formé à UP8, aujourd’hui Paris-Belleville, Patrick Germe est rapidement embringué dans l’enseignement (UP3 Versailles à partir de 1976, Ecole Nationale Supérieure de la Villette à partir de 2006) et dans un compagnonnage d’architecture avec notamment, Edith et Olivier Girard, Bernard Grimaux, Laurent Israël, Bernard Paurd,  installés ensembles dans les magasins généraux sur le bassin de la Villette. Il n’est pratiquement question que de logement social et de ville avec quelques mentors, les néo-brutalistes, Paul Chemetov et l’AUA, les italiens du Grau,  les modernes impliqués dans une considération critique affectueuse et sans merci.

L’enseignement partagé avec en particulier, Henri Gaudin, Olivier Girard et René Hasson, y compris dans la confrontation, avec Jean Castex et Philippe Panerai, le tout à l’Ecole d’Architecture de Versailles, a suscité un lent et profond virage à partir d’une conception rossienne et monumentale de la ville hérité de l’enseignement d’UP8, du poids de la figure kahnienne et d’un certain historicisme post-moderne, transmis par Bernard Huet, en direction d’une conception plus « tissulaire »,  due pour l’essentiel à Philippe Panerai, articulant la structure urbaine et le tissu urbain où la typologie et l’espace de la parcelle jouent les premiers rôles.

L’engagement se fait désormais pour une architecture urbaine moderne convaincu de la puissance critique qu’apporte la conjugaison d’une « modernité » spatiale et tectonique avec la compréhension de la forme de la ville et du territoire.

Dès la fin des années 70, le travail architectural de ce que nous voulions atelier plutôt qu’agence est focalisé sur les questions du logement collectif social perçues comme le fondement possible  d’une pensée urbaine renouvelée.

L’urbanisme de ZAC et les SEM dominent alors le paysage professionnel de tous ceux qui s’appuient sur une architecture comme pensée critique et engagée.

L’action sur la ville est comprise comme une succession de coups de force exemplaires portés par la puissance publique, comme une croissance par fragments équipés et structurants.

Les Quatre Routes à La Courneuve mais aussi les concours gagnés, les Bas-Pays à Romainville, le Chaudron à la Plaine Saint-Denis, de la ZAC du centre à Villejuif, ou de la ZAC Bellevue à Vitry sont les fruits de ces convictions.

Le concours pour la restructuration des 4000 sud de 1981 et plus manifestement, les études pour la restructuration du centre ville d’Aubervilliers de 1990 et pour la densification des faubourgs d’Amiens de 1996, vont infléchir ce travail en  articulant une pensée du plan d’ensemble, du projet de l’espace public et du découpage  parcellaire, à une pensée systématisée du tissu urbain entendue comme  interactions entre typologies bâties, formes parcellaires et formes des espaces publics.

Les années 90 sont les années des premières productions dans le domaine de l’habitat, à Villejuif et à Vitry (103 logements à Vitry, projet nominé Equerre d’Argent 1998).

La construction des logements de Vitry ferme une période qui raisonnait l’habitat à partir de l’espace du logement confronté à la géographie dans une de rapport pratiquement immédiat.

Le logement est un rapport entre dedans et dehors,  son plan est un plan du dehors, il n’y a ni rupture ni échelle intermédiaire véritable entre le plan de la ZAC, celui de l’édifice de sa distribution et de ses logements.

Vitry apporte un savoir faire, ferme une étape et en ouvre une autre : celle qui déplace la problématique du logement à celle de l’immeuble en intégrant édifice et parcelle à l’intérieur d’un fonctionnement résidentiel cohérent et renouvelé.

L’enseignement de l’architecture aide à consolider les fondements de ce travail : le projet comme articulation et interaction d’échelles pertinentes, l’édifice comme système de l’espace, la cohérence entre typologie distributive et constructive, l’importance des questions tectonique dans une pensée de l’espace etc.

Les années 2000 sont celles du travail partagé avec JAM de la rationalisation et la systématisation d’une conception précise du projet urbain ouvrant à une recherche typologique cohérente sur les formes résidentielles.

L’immeuble est une unité distributive qui rattache étroitement accès et cour, inscrits dans la profondeur des tissus urbains qui en forment le contexte.